J’ai fondé mon entreprise en février 2012, alors que le terme « zéro gaspillage » n’existait pas. Cantinière depuis plus d’une douzaine d’années, je m’inspirais beaucoup de mon idole, ma tante Manon. Ma cousine Noémie, à l’époque ma super et indispensable assistante-cantinière, appelait sa mère lorsque nous étions en manque d’inspiration. Inspirées par les pratiques dites d’économie familiale de Manon, nous créions de grands repas avec peu.
Un après-midi, j’ai donc invité ma tante Manon à prendre le thé. Cette journée a changé ma vie, puisque nous avons élaboré mes « 10 commandements ».
D’après vous, une décennie plus tard, ma ligne directrice a-t-elle évolué? Je reviens sur mes 10 commandements, en explorant 3 d’entre eux.
D’entrée de jeu, je dois vous dire qu’aujourd’hui, je n’appellerais plus ces 10 étapes des « commandements ». Je trouve que le mot « commandement » a une connotation trop restrictive, ce qui est à l’opposé de mon approche créative et spontanée.
AVANT DE JETER, JE ME DEMANDERAI COMMENT JE PEUX TRANSFORMER
Devant un aliment moche ou un reste devenu peu appétissant, j’ai toujours essayé de freiner le réflexe de le jeter par paresse. À l’époque, Manon m’avait suggéré de prendre l’habitude de me poser la question : « Comment puis-je transformer l’aliment ou le restant ? »
Pour vous aider, voici une petite liste de questions qui vous guideront vers la bonne décision :
- Puis-je utiliser cet aliment/repas comme base d’un prochain repas ?
- Puis-je substituer un ingrédient par cet aliment/repas ?
- Puis-je congeler cet aliment/repas pour un usage ultérieur ?
J’ai donc décidé de me poser les mêmes questions en partant d’un reste de riz.
- Puis-je utiliser cet aliment/repas comme base d’un prochain repas ?
La réponse était positive, puisque j’ai pu le transformer en un délicieux poke bol garni de kale frais et de pousses. Par contre, j’ai mangé toute la verdure et je n’avais plus très faim pour les restes de riz et de crevettes…
Puis, le lendemain, avec les surplus des restants, j’ai cuisiné une omelette vide-frigo (3e vie) que j’ai mangée avec une crêpe.
En parallèle, j’ai cuisiné une recette de crêpe avec un fond de sac de farine de pois chiche que quelqu’un m’a donné parce qu’il ne l’aimait pas… Mon garde-manger est un refuge à aliments qui auraient autrement été gaspillés par mes proches !
CRÊPES DE FARINE DE POIS CHICHE
Nombre de portions : 8 moyennes ou environ 24 blinis
Temps de préparation : 10 minutes
Temps de cuisson : 25 minutes
Congélation : oui
Ingrédients
- 310 ml (1 1/4 tasse) de farine de pois chiches
- 60 ml (1/4 tasse) de farine de riz ou de blé
- 375 ml (1 1/2 tasse) d’eau
- 1 ml (1/4 c. à thé) de cumin moulu
- 1 ml (1/4 c. à thé) de coriandre moulue
- 1 ml (1/4 c. à thé) de paprika doux
- 1 ml (1/4 c. à thé) de poudre d’ail ou d’oignon
- 1 ml (1/4 c. à thé) de sel
- 125 ml (8 x 1 c. à soupe) de corps gras pour la cuisson (beurre, huile, etc.)
Préparation
- Dans un grand bol, verser tous les ingrédients et fouetter jusqu’à consistance homogène.
- Dans une poêle préchauffée à feu moyen, verser environ 60 ml (¼ tasse) de préparation.
- Cuire de chaque côté jusqu’à ce que de petites bulles se forment et que la pâte s’assèche.
Astuce zéro gaspillage
Certaines farines de pois chiches sont plus difficiles à cuisiner que d’autres. À ce moment, ajouter simplement un peu d’une autre farine pour l’épaissir.
AVEC UN ALIMENT, JE FERAI TROIS REPAS; AVEC CINQ ALIMENTS, JE FERAI UN MENU COMPLET POUR LA SEMAINE
Ce commandement vous aidera à exploiter à 100% un certain nombre d’aliments et à anticiper les surplus. Choisissez cinq aliments en grande quantité et faites-en une première cuisson de base. Vos prochaines recettes seront donc moins longues à exécuter, puisque vous ne partirez pas de zéro. Moins d’aliments différents risquent donc d’être gaspillés, et vous aurez plus de plaisir à les réinventer!
Pour y arriver, prévoyez toujours :
- 1 protéine animale (viande, volaille, poisson)
- 1 protéine végétale (tofu, œuf)
- 1 légumineuse
- 1 féculent (pâtes alimentaires, pommes de terre et courge)
- 1 grain entier (riz, quinoa, orge)
Cela dit, j’aime aussi composer mon menu à base de légumes de saison, comme en témoigne cette photo ci-bas. À base de seulement 5 ingrédients, j’ai cuisiné une quarantaine de portions, et ce, en moins de 90 minutes.
JE NE DIRAI PLUS QUE MON FRIGO EST VIDE, CAR J’Y TROUVERAI TOUJOURS UNE RECETTE À INVENTER
Si le frigo est réellement vide (ce dont je doute), vous pourrez toujours vous tourner vers le garde-manger. Depuis toutes ces années, j’ai vraiment perfectionné le concept de cuisiner en mode « vide-frigo ». J’ai d’ailleurs créé une formation en ligne gratuite à laquelle je vous invite à vous inscrire. En gros, c’est l’idée de voir « ces petits riens », souvent composés de « petits bouts », fonds de sacs ou de pots, petites quantités insuffisantes pour faire un repas complet, comme élément déclencheur à une recette inventée spontanément.
Voici ici deux exemples avec les œufs. Dans un premier temps, je les ai fait mariner avec quelques tiges d’herbes, un surplus de thé, du tamari et de l’huile de sésame. Et le résultat était tout simplement divin, une fabuleuse soupe vide-frigo de luxe!
En deuxième exemple, j’ai fait infuser cette fois les œufs dans la saumure de feta pendant 30 minutes et je les ai mangés avec du yogourt et un petit reste de feta. Un repas simple, mais ô combien mémorable!
Vous aurez compris que la cuisine vide-frigo englobe également la cuisine vide-congélo et vide-garde-manger. Je me surprends tous les jours à repousser mes propres limites. Maintenant, je conserve mes pots de saumure vide, dans l’espoir de trouver une recette à inventer. Le pot de beurre d’arachide ne se retrouve plus dans le bac de récupération sale, car je n’en gaspille plus une seule bouchée!
Alors, une décennie plus tard, mon mode de vie a-t-il évolué? Eh bien non!
En fait, je suis définitivement plus créative, mais je suis fière de constater combien les enseignements de Manon sont encore plus incarnés dans mes pratiques quotidiennes.
À l’époque, je tentais de les appliquer, car j’étais passionnée d’économie familiale. Aujourd’hui, ils sont devenus une seconde nature, tout simplement.
Je viens d’écouter une entrevue avec vous et votre approche m’interpelle.