Je dois vous faire une confession : je n’aime pas trop Paris. Pourtant, j’ai à y aller assez régulièrement. J’ai donc parcouru la ville à la recherche d’un QG (Quartier Général) où me réfugier et j’ai trouvé dans le 18e arrondissement, à la sortie du Métro Porte de Clignancourt : La Recyclerie. Maintenant, à chacun de mes séjours, je donne rendez-vous là-bas à mes copains français. Je peux y aller trois jours consécutifs et y manger pour dîner et souper. Ça vous donne une idée de mon enthousiasme!

Par Marorie Guindon Espace de travail à la RecyclerieJ’ai fait cette découverte il y a exactement trois ans, lors du premier Festival Zéro Waste France. Avec un groupe de militants de partout de la francophonie, nous cherchions un endroit sympa pour aller prendre un verre le soir après la journée d’activités. COUP DE COEUR! L’ambiance décontractée et le décor hétéroclite m’ont charmé, mais la touche zéro déchet est évidemment ce qui m’a conquis. Là bas, on fait sa propre gestion des déchets. Rassurez-vous, le tri est tout de même encadré, car les restants de table iront pour nourrir les poulettes du poulailler.

Par Marorie Guindon La Recyclerie est une ancienne gare aménagée en café bistrotCe qu’il faut savoir, c’est que le bâtiment est une ancienne gare qui fût très achalandée à la fin du XIXe siècle. Le projet est de Marion et Stéphane qui ont été approchés au début des années 2010 par le 18arrondissement de Paris pour racheter une Gare abandonnée de la SNCF sur la ligne de la Petite Ceinture (32 kilomètres de rails abandonnés à la fin des années 1930). Les citoyens avaient une certaine impatience à revoir vivre cet espace en décrépitude. Déjà propriétaires de plusieurs lieux créatifs via leur entreprise Sinny & Ooko, la ville a pensé à eux.

Par Marorie Guindon La Recyclerie est une ancienne gare aménagée en café bistrot dont la cafétéria est très lumineuse.

Le bistrot

Ce que j’aime de la Recyclerie, c’est que c’est un lieu sans aucune prétention. Ils désirent éviter à tout prix d’être socio-cul… (c’est leurs mots). Ce n’est pas un lieu qui se complait dans le greenwashing de bobos. Les repas sont toujours savoureux et ils accommodent pour les allergies. Le menu varie régulièrement, c’est tout ce que j’aime de la cuisine touski. Ils ne cautionnent aucunement le gaspillage alimentaire.

En bonus, la Recyclerie, c’est plus qu’un bar-cantine, c’est également une ferme urbaine et un atelier de réparation.

La ferme urbaine en bref

  • 20 poules pour 5000 oeufs par an, qu’ils redistribuent aux adhérents
  • Quais de 2000 mètres carrés
  • Serre aquaponique avec de jolis poissons
  • Ils ont référencé 40 espèces animales et 70 plantes différentes. Excluant le potager. C’est donc un gros corridor de biodiversité qui embrasse la faune et la flore.

Par Marorie Guindon La Recyclerie offre plus de 700 ateliers par année.

Les ateliers de réparation et conférences

  • C’est 700 ateliers d’éducation populaire par an
  • Le 2/3 des intervenants viennent de l’extérieur (j’y ai moi-même coanimé une conférence avec ma belle amie Marie Cochard l’année dernière)
  • Ils valorisent l’économie sociale et solidaire
  • Leurs ateliers réparation sont très populaires. Ils ont 3 « René » des hommes qui font renaître les objets. La comprenez-vous? Pour avoir accès à 2 heures de services gratuits, il faut être adhérent

1. REné menuisier

2. REné électro

3. REné coordonnateur éducation populaire

  • Ils favorisent également l’économie de partage grâce à leur « bibliocaillerie » Ils prêtent donc des outils et de la grosse quincaillerie.

Par Marorie Guindon Centre de triUne approche zéro déchet

  • Il était très important pour les propriétaires que la gestion des déchets n’ait pas d’impact sur le taux de bonheur de la clientèle. Leurs installations ont donc été conçues pour que le tri se fasse tout  naturellement. Et ça fonctionne! Ils produisent 5 tonnes de compost par an.
  • 80% des produits sont locavore (150 km autour de Paris)
  • Le vin s’achète en vrac via des camions-citernes et il est coulé en vrac sur place. Leurs installations sont très jolies d’ailleurs.
  • Ils ne vendent absolument pas de liqueur douce, mais les clients ne sont pas en reste, car ils produisent 18L de « soft » par an, fabriqués directement sur place. Un autre point qui a su me charmer, ils n’achètent que des matières sèches. C’est très peu coûteux et ça leur évite de transporter de l’eau… Pas bête!
  • Leurs citronnades, thés, et boissons d’hibiscus sont délicieux! Ils fabriquent tout eux-mêmes sur place par le procédé de macération.

À quoi ressemble la clientèle?

  • 25 % clients viennent à cause des valeurs et initiatives.
  • 75 % clients n’en ont rien à faire des valeurs. Ils la fréquentent principalement parce que c’est un super endroit, beau, original, avec une ambiance à tout casser… D’après les propriétaires, il reste difficile à dire si les gens captent vraiment leurs efforts pour la planète. Néanmoins, la contamination de belles initiatives est douce et subtile.

 

Pour en découvrir davantage, je vous invite à visionner cette courte vidéo.

 

Alors si cet été vous avez à visiter Paris, je vous invite à faire un détour par La Recyclerie 🙂

Envie de découvrir quelles sont mes autres bonnes adresses européennes ? Je vous invite à consulter mon article sur mon séjour gourmand et écoresponsable à Berlin.

 

Les photos ont été joliment capturées par mon amie Marjorie Guindon, lors de notre dernier séjour à Paris, en septembre 2018. Quel séjour mémorable! Nous y étions pour le lancement de notre livre « 1, 2, 3 vies – Recettes Zéro Gaspi«