Est-ce qu’acheter en gros nous incite vraiment à gaspiller?

Vous êtes-vous déjà dit : « Ah ! Si j’avais pu en acheter une plus petite quantité, je n’aurais pas gaspillé ! » ? Bouquets d’herbes fraîches, barquettes de verdure, viande hachée en format familial, sachets de 12 poires … L’achat en gros, qui nous laisse entrevoir une économie intéressante, nous coûte cher quand on calcule les surplus gaspillés. Pensez à tous ces aliments qu’on rachète d’une semaine à l’autre, pour finalement les jeter. Quelle est donc la meilleure option?

Il serait tellement plus simple de n’acheter que 2 branches de thym et une poignée de laitue mesclun. Et si seulement les 3 citrons en vrac n’étaient pas aussi chers que le sachet de 8… Si les entreprises nous vendent moins cher les aliments en grandes quantités et si l’achat en vrac ou à l’unité semble plus cher, le volume paye! Mais en tant que consommateur, on fait face à la situation inverse : le volume est souvent la cause de notre gaspillage. On se retrouve face à un dilemme sérieux : réduire à la source ou faire des économies…

Et si on regardait la problématique autrement?

Et si on voyait les surplus et les restants comme une solution pour manger mieux, faire des économies et réduire notre charge mentale?

C’est du moins l’attitude que j’ai décidé d’adopter à l’époque où j’étais cantinière sur les plateaux de tournage. Cette philosophie a complètement changé ma façon de consommer et de cuisiner. Évidemment, pour limiter ma quantité de déchets d’emballages à usage unique, je fréquentais les grandes surfaces et les grossistes qui vendent de gros formats. Il n’était pas rare que je mette dans mon panier 12 paquets de 8 poitrines de poulet, 10 kilos de tofu et des briques de fromage. Ma motivation principale était de faire des économies au volume, mais j’ai vite réalisé que j’avais tout de même des surplus.

Puis un jour, j’ai regardé ces surplus différemment. Et si je leur donnais une 2e et 3e vie? Si j’apprenais à les transformer en un tout autre repas, pour éviter de gaspiller, mais surtout, pour éviter de toujours manger la même chose… Ainsi, si je n’avais pas assez de poulet pour un futur repas, je transformais les restants en leur ajoutant des raisins flétris, un reste de chou sauté, j’assaisonnais de fonds de pots de sauces et j’en faisais de délicieux chaussons que j’accompagnerais avec une salade. Bien que les exigences et petits caprices des techniciens et artistes étaient de plus en plus grands, personne ne se plaignait de mon ingéniosité zéro gaspi, au contraire! Je recevais une pluie de compliments pour ces petits chaussons qui étaient composés de tout ce que j’aurais autrement gaspillé.

Au fil des mois, je me suis amusée à cuisiner une plus grande quantité que ce dont j’avais réellement besoin. Si je devais nourrir 60 personnes, je faisais cuire 120 portions de riz. Je savais que je gagnerais du temps pour un futur repas, et que je ferais des économies énergétiques (mine de rien, la facture d’électricité monte elle aussi, et ce n’est pas négligeable).

Ma base de surplus de riz devenait une vraie source d’inspiration! J’étais parfois tiraillée entre la transformer en boulettes végétariennes, en riz au lait ou en soupe crémeuse au poulet… Ah! Et pourquoi pas une paëlla vide-frigo!?! Et voilà que je regrettais de ne pas en avoir fait cuire plus haha!

Voir les grosses quantités d’un œil nouveau

Depuis que je vois les grosses quantités d’un autre œil, j’ai même développé une aversion pour les entreprises qui nous vendent des petits ou mini formats sous prétexte qu’elles veulent nous aider à limiter notre gaspillage. Réduire à la source est effectivement le meilleur geste que l’on puisse poser, mais l’enjeu, c’est que ces solutions dites zéro gaspi ne vous apprennent pas à réduire votre empreinte écologique, mais vous incitent plutôt à consommer…

Ces alternatives sont à mon avis de fausses solutions. Par exemple, le surplus de conserves de légumineuses peut être congelé en portions individuelles dans des moules à muffins. Ces portions peuvent être décongelées en une minute pour un futur repas. En nous vendant plus cher des mini portions, les entreprises augmentent leurs profits et nous incitent à produire plus de déchets d’emballage… Je préfèrerais plutôt qu’ils nous outillent à conserver ou cuisiner les surplus adéquatement!

Le concept des 1, 2, 3 vies

Le concept des 1e, 2e et 3e vies

Photo tirée du livre Moi j’mange où Florence-Léa Siry explique le concept des 1, 2, 3 vies

Pour toutes ces raisons, j’ai compris que la meilleure façon de faire des économies, et de gagner du temps, c’était d’acheter en plus grande quantité. Selon mon expérience, la cuisine zéro gaspi et ses 1, 2, 3 vies vous aidera à mieux planifier vos repas, avec ce que vous avez sous la main. Plus vous cuisinerez en mode vide-frigo-congélo-garde-manger, plus vous serez habile. Et vous ne partirez jamais de zéro. Comme c’est créatif et inspirant! J’ai d’ailleurs préparé une conférence en ligne qui présente ma philosophie et qui vous offre quelques recettes exclusives en bonus. Rendez-vous sur ma plateforme florenceleasiry.didacte.com pour tous les détails.

Lorsque je manque d’inspiration, je regarde des photos de recettes sur Pinterest. Je vous invite à visiter mon compte, où j’ai créé un tableau par aliment de base, et par déchet potentiel. Ça vous boostera la créativité, c’est promis!

Alors ce mois-ci, je vous invite à regarder un surplus et à lui donner 1, 2, 3 vies. Ne vous cassez pas la tête, essayez de cuisiner les recettes que vous aimez et que vous maîtrisez, mais en substituant quelques ingrédients. Je parie que vous serez agréablement surpris du résultat. Vous m’en donnerez des nouvelles!

Bonne cuisine zéro gaspi!